Ci dessous, un article que j'ai préparé depuis longtemps (juste après la journée du droit des femmes) et que j'ai oublié dans mes brouillons. Mais, comme il n'est jamais trop tard pour bien faire...
A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’Alliance française de Moroni a organisé dans ses locaux une expo photo sur les mariages précoces intitulée Wana watiti ("Petites filles" en comorien).
A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’Alliance française de Moroni a organisé dans ses locaux une expo photo sur les mariages précoces intitulée Wana watiti ("Petites filles" en comorien).
Cette exposition est le résultat de 3 semaines de reportage réalisées par la photographe italienne Martina
Bacigalupo en octobre 2015 sur les trois îles des Comores et qui s’est concrétisé par la production de 26 photographies accompagnées de leurs témoignages.
Cette exposition a vocation à illustrer le quotidien de ces jeunes filles-mères, souvent sorties de tout système éducatif et sans ressources, mariées au gré des pressions sociales ou familiales.
Cette exposition a vocation à illustrer le quotidien de ces jeunes filles-mères, souvent sorties de tout système éducatif et sans ressources, mariées au gré des pressions sociales ou familiales.
Quelques chiffres
Avec une population d'environ 850 000 habitants et un accroissement annuel de 2,1%, la population de moins de 20 ans représente plus de la moitié de la population de l’archipel. Les chiffres sur la sexualité des jeunes sont édifiants : selon la dernière enquête démographique réalisée en 2012 par la Direction Générale de la Statistique et de la Prospective (DGSP), 11% des adolescentes ont déjà eu au moins un enfant ou sont enceintes et presque trois femmes sur dix sont mariées avant d’atteindre l’âge de 18 ans.
https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR278/FR278.pdf
Témoignage de l’artiste (à retrouver sur le site de l'Alliance)
« L’année passée j’ai été contactée par l’Alliance Française de Moroni pour faire le reportage photographique d’un projet pilote sur les mariages précoces et forcés aux Comores. J’ai accepté de bon gré, vu mon implication au niveau des droits de la femme en Afrique depuis presque dix ans, et je suis partie à la découverte du terrain, avec Madame Sett Tadjiddine, sage-femme et militante pour les droits de la femme aux Comores et Monsieur Shabani Bourhane, militant pour les droits des femmes, tous deux membres de la Direction Nationale de la Promotion du Genre, sous tutelle du Ministère de la Santé aux Comores.
Ensemble, nous avons rendu visite à des jeunes femmes qui avaient accepté, par le biais des associations locales, de partager avec nous leur expérience. Même si certaines d’entre elles ont préféré rester anonymes, en changeant leur nom et en me demandant de couvrir leur visage, toutes avaient le même besoin de dénoncer cette situation dans laquelle la société comorienne les emprisonne. Effectivement, les jeunes adolescentes ne peuvent pas fréquenter leurs amis de l’école à défaut d’être mariées avec eux, pour ne pas faire honte à leur famille. Exploration et protection, deux éléments fondamentaux dans la vie de tout adolescent (autant des filles que des garçons !), sont donc soumis à une forte pression sociale aux Comores. Cela engendre une série de problématiques, dont des grossesses précoces, des accouchements faits à la maison, des décès évitables, des séparations entre mariés à cause de l’immaturité des garçons qui ont du mal à assumer leur paternité si jeunes, et peut être même des problèmes obstétricaux comme les fistules, un problème de santé publique mal connu en raison du tabou qui entoure ce sujet.
Comme dans tous les autres pays dans lesquels j’ai travaillé sur la condition de la femme, j’ai vu aux Comores le lien entre la place de la femme dans la société, sa santé, son éducation et la pauvreté de la société dans laquelle elle vit. Il faudrait réaliser que protéger la femme signifie protéger toute la communauté et travailler au vrai développement d’un pays.
J’espère que ce travail, qui est encore en cours, pourra soutenir le combat mené par les Comoriens qui ne cessent de dénoncer les mariages forcés et précoces, en assumant les attaques, parfois violentes, qui viennent de la société qu’ils essayent de changer ».
Martina Bacigalupo, Mars 2016
Vous pouvez voir ces photos et lire les témoignages sur le site de l’Alliance française de Moroni : http://www.af-comores.org/le-reseau-des-alliances-aux-comores/alliance-francaise-de-moroni/lutte-contre-les-mariages-precoces-et-forces/.