jeudi 2 février 2017

Un peu de culture



La vie aux Comores est compliquée: pauvreté, accès très limité à l'eau potable, à l’électricité, aux soins, etc.

Malgré (ou à cause de) ces difficultés, la jeunesse comorienne s'implique de plus ne plus dans la vie culturelle. De nombreuses initiatives voient le jour, souvent en lien avec des artistes confirmés sur la scène nationale, et avec l'appui de la France et de l'Union européenne entre autres.

Emblème de ce renouveau de la vie culturelle comorienne, le premier numéro du magazine SakMag qui s'est fixé pour objectif de présenter l'art et la culture des Comores tout en restant ouvert sur le monde extérieur et au tendance du moment. C'est un magazine en ligne 100% gratuit.

Pour son premier numéro SakMag rencontre le comédien et metteur en scène Soumette Ahmed et vous fait découvrir bien d'autres choses....

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Le lien vers le site où vous pouvez télécharger ce premier numéro:
https://www.yumpu.com/fr/document/view/56810555/sakmag-edition-001

vendredi 12 août 2016

Les mariages précoces aux Comores

Ci dessous, un article que j'ai préparé depuis longtemps (juste après la journée du droit des femmes) et que j'ai oublié dans mes brouillons. Mais, comme il n'est jamais trop tard pour bien faire...

A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’Alliance française de Moroni a organisé dans ses locaux une expo photo sur les mariages précoces intitulée Wana watiti ("Petites filles" en comorien). 
Cette exposition est le résultat de 3 semaines de reportage réalisées par la photographe italienne Martina Bacigalupo en octobre 2015 sur les trois îles des Comores et qui s’est concrétisé par la production de 26 photographies accompagnées de leurs témoignages.

Cette exposition a vocation à illustrer le quotidien de ces jeunes filles-mères, souvent sorties de tout système éducatif et sans ressources, mariées au gré des pressions sociales ou familiales.



Quelques chiffres
Avec une population d'environ 850 000 habitants et un accroissement annuel de 2,1%, la population de moins de 20 ans  représente plus de la moitié de la population de l’archipel. Les chiffres sur la sexualité des jeunes sont édifiants : selon la dernière enquête démographique réalisée en 2012 par la Direction Générale de la Statistique et de la Prospective (DGSP), 11% des adolescentes ont déjà eu au moins un enfant ou sont enceintes et presque trois femmes sur dix sont mariées avant d’atteindre l’âge de 18 ans.
https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR278/FR278.pdf

Témoignage de l’artiste (à retrouver sur le site de l'Alliance)

« L’année passée j’ai été contactée par l’Alliance Française de Moroni pour faire le reportage photographique d’un projet pilote sur les mariages précoces et forcés aux Comores. J’ai accepté de bon gré, vu mon implication au niveau des droits de la femme en Afrique depuis presque dix ans, et je suis partie à la découverte du terrain, avec Madame Sett Tadjiddine, sage-femme et militante pour les droits de la femme aux Comores et Monsieur Shabani Bourhane, militant pour les droits des femmes, tous deux membres de la Direction Nationale de la Promotion du Genre, sous tutelle du Ministère de la Santé aux Comores.
Ensemble, nous avons rendu visite à des jeunes femmes qui avaient accepté, par le biais des associations locales, de partager avec nous leur expérience. Même si certaines d’entre elles ont préféré rester anonymes, en changeant leur nom et en me demandant de couvrir leur visage, toutes avaient le même besoin de dénoncer cette situation dans laquelle la société comorienne les emprisonne. Effectivement, les jeunes adolescentes ne peuvent pas fréquenter leurs amis de l’école à défaut d’être mariées avec eux, pour ne pas faire honte à leur famille. Exploration et protection, deux éléments fondamentaux dans la vie de tout adolescent (autant des filles que des garçons !), sont donc soumis à une forte pression sociale aux Comores. Cela engendre une série de problématiques, dont des grossesses précoces, des accouchements faits à la maison, des décès évitables, des séparations entre mariés à cause de l’immaturité des garçons qui ont du mal à assumer leur paternité si jeunes, et peut être même des problèmes obstétricaux comme les fistules, un problème de santé publique mal connu en raison du tabou qui entoure ce sujet.
Comme dans tous les autres pays dans lesquels j’ai travaillé sur la condition de la femme, j’ai vu aux Comores le lien entre la place de la femme dans la société, sa santé, son éducation et la pauvreté de la société dans laquelle elle vit. Il faudrait réaliser que protéger la femme signifie protéger toute la communauté et travailler au vrai développement d’un pays.
J’espère que ce travail, qui est encore en cours, pourra soutenir le combat mené par les Comoriens qui ne cessent de dénoncer les mariages forcés et précoces, en assumant les attaques, parfois violentes, qui viennent de la société qu’ils essayent de changer ».
Martina Bacigalupo, Mars 2016


Vous pouvez voir ces photos et lire les témoignages sur le site de l’Alliance française de Moroni : http://www.af-comores.org/le-reseau-des-alliances-aux-comores/alliance-francaise-de-moroni/lutte-contre-les-mariages-precoces-et-forces/

Les JO, ce n’est pas que du sport



Encore une polémique liée à la présentation des JO sur France Télévision. Cette fois-ci, ce sont les commentaires ignares tenus sur les Comores lors de la cérémonie d’ouverture par les présentateurs de France Télévision qui sont critiqués.

Je vous retranscris un article de l’agence de presse comorienne HKZ Presse ; et même si je ne suis pas d’accord avec l’intégralité des propos tenus dans la lettre citée dans l’article, il est clair que l’histoire de l’archipel des Comores ne se résume pas à Bob Denard !

Propos « insultants » France2 :

Le parti social-démocrate comorien saisit la présidente de France télévision



Moroni, mercredi 10 août 2016 (HZK-Presse) La présidente de France télévision, Delphine Emotte a été interpellée par le parti social-démocrate Comorien après les propos tenus par un commentateur de France2 au passage de la délégation comorienne dans la cérémonie d'ouverture des JO de Rio.

Les commentaires de la chaîne publique France2 au passage de la délégation comorienne fait bondir plus d'un. Dans une lettre ouverte adressée à la présidente de France télévision, le parti social-démocrate Comorien déplore dans des termes on ne peut plus clairs des propos « méprisants ».

Il s'interroge sur l’importance pour les télévisions françaises de diffuser en direct des « propos malintentionnés et révoltants à l’égard du peuple comorien ». Des présentateurs des chaînes françaises qui n’ont rien trouvé de mieux, pour présenter les Comores, que de faire référence à Bob Denard, le tristement célèbre mercenaire français.

Cette formation politique considère ces propos comme un « acharnement incompréhensible » et une volonté négative envers le peuple comorien qui serait « non seulement choquante, elle est aussi l’expression médiatique du mépris de la France à l’égard des pays africains qui ont eu le malheur de croiser sa douloureuse tyrannie coloniale », peut-on lire. 

« Pour les Comores et pour beaucoup d’autres pays africains, Bob Denard est une ordure que la France a jetée dans la poubelle de l’histoire. Que vos journalistes persistent à en faire une gloire de votre pays, soit. Mais, nous retourner cette abjecte fétidité, à chaque événement international censé cultiver la concorde et la paix, remue les plaies d’une époque que nous aurions aimé oublier. Que les chaînes de télévision françaises en demeurent nostalgiques, c’est compréhensible. Qu’elles en fassent une ligne de provocation et d’impertinence, c’est inadmissible ».

Il n'est pas question des excuses : « les chaînes de télévision françaises n’étant pas capables d’en faire sincèrement », poursuit la lettre. « Nous exigeons seulement qu’elles aient l’obligeance de faire taire leur ignorance des références comoriennes ou leur mauvaise foi programmée dans les tablettes d’une ère révolue. D’autres médias soucieux du travail journalistique sérieux et respectueux des autres, pourront présenter la délégation comorienne, sans pour autant véhiculer l’arrogance anachronique de leur pays ».

A noter que le Conseil représentatif des Associations noires (Cran) a saisi le CSA sur le prisme « colonial » de France2. Le Cran qui a qualifié les commentaires de la cérémonie d'ouverture des JO par France2 d'un « véritable festival d'erreurs, d'inepties et de propos colonialistes ». France Télévisions a indiqué à « L'Expresse » ce mardi que le Cran serait reçu prochainement par sa présidente Delphine Ernotte : "La direction regrette ces commentaires, comprend les réactions et considère la situation avec sérieux", déclare le groupe public.

Maoulida Mbaé

jeudi 3 mars 2016

La musique aux Comores

Aux Comores, ou en tout cas à Grande Comore, la musique ne s'écoute pas dans la rue: les gens ne chantent pas, ne jouent pas de musique dans les rues de Moroni.

En 7 mois, deux exceptions à cette absence de musique: les cocos (grands-mères) qui vendent les fruits et légumes au marché de Moroni (Volo-Volo) qui entonnent des chants traditionnels - plus ou moins festifs selon leur humeur - pour passer le temps;
et les cérémonies de grands mariages (je leur consacrerai un article ultérieurement, car cette tradition très intéressante permet d'expliquer en partie la situation économique catastrophique des Comoriens de Grande Comore). Dans ces cas-là, le but du jeu est que tout Moroni sache que la famille fait un grand mariage et il est donc nécessaire de faire le plus de bruit possible à grand renfort d'enceintes et de micro voire de mégaphones.
Comme dans tout mariage, la musique tient un rôle important. Cependant, ce n'est plus la musique traditionnelle qui fait recette mais les gros blockbusters américains et le "meilleur" du rap français, et pendant tout le weekend, on a droit à Beyonce, Rihana, Booba et autre Rohff.

Il est donc compliqué de connaître la musique comorienne traditionnelle ou même actuelle. Heureusement, en cherchant un peu sur le net, on trouve pas mal de choses intéressantes (beaucoup de vidéos sur Youtube et Dailymotion) et l'Alliance française de Moroni organise des concerts plusieurs fois par an.
En décembre dernier, nous avons pu assister au premier concert de Costy, professeur de musique à l'école française, qui a commencé sa carrière musicale en 1999 comme accompagnateur de divers artistes comoriens.
Pour vous faire une idée, un petit extrait du concert (mis en ligne avec l'autorisation de l'Alliance française):

L'instrument joué par l'invité surprise du concert, Mwengné Mmadi, est un ndzendze (cf. infra "Pour aller plus loin"). Ici, il a une forme de boite munie d'une série de cordes de chaque côté, chaque main joue donc des notes et des rythmes différents. Un nzendze peut aussi être de forme cylindrique.

Par ailleurs, j'avoue peu écouter la radio comorienne. En effet, outre de nombreux programmes religieux, il n'y a aucun commentaire sur la musique diffusée, donc pas moyen de savoir/comprendre ce que l'on écoute.

Pour aller plus loin:
- une émission de France Inter disponible à la réécoute et en podcast, l'Afrique en solo du 21 février dernier:
Même si je ne suis pas entièrement d'accord avec certains partis pris de cet épisode, il est extrêmement intéressant à la fois pour les aspects historiques, sociaux et culturels évoqués et pour les artistes choisis afin d'illustrer l'émission.
[@ Leptilu: pour info, le 24 janvier, l'émission était consacrée au Burundi]
Ce site propose des extraits de 30s pour illustrer différentes chansons traditionnelles.
- Toujours sur le site de comores-online, un article très intéressant sur les différents types de musique traditionnelle comorienne: http://www.comores-online.com/mwezinet/musique/
[@ Leptilu: cet article répond en partie à ta suggestion sur le maloya qui n'existe pas aux Comores, mais qui est comparable dans ses aspects revendicatifs, de rassemblement, solidarité et dans sa rythmique - comme le suggère Christine Salem - à l'ikwadou comorien.]
- Enfin, concernant les instruments traditionnels, j'ai trouvé ce site sur les instruments mahorais, qui sont identiques à ceux qu'on trouve dans les autres iles des Comores mais dont le nom peut légèrement changer:
Vous y trouverez, entre autres, des photos et des explications sur le ndzendze.

vendredi 19 février 2016

Les élections présidentielles de 2016



Suite à la volonté de sécession des îles d’Anjouan et de Mohéli, une nouvelle constitution a été adoptée en 2001. Elle prévoit que la présidence du gouvernement de l’Union soit tour à tour attribuée à une des 4 îles de l’archipel (Mayotte est inclus dans le nombre puisque l’Union des Comores ne reconnaît pas son indépendance). Pour information, le président actuel, Dhoinine IKILILOU (oui, oui, celui qui gâche les photos historiques, cf. infra) est mohélien.


En 2016, la présidence aurait dû échoir à un représentant de Mayotte, mais les choses étant ce qu’elles sont, il a été décidé de passer un tour et de donner la présidence à la Grande Comore.

Après la tentative ratée de passage en force de l’ancien président SAMBI – un anjouanais, qui a essayé de remettre en cause le concept de présidence tournante –, les choses sont rentrées dans l’ordre et 25 candidatures ont officiellement été validées par la Cour constitutionnelle. Pour les plus curieux, la liste officielle est disponible sur le site de la CENI (la commission électorale nationale indépendante ; http://www.cenicomores.km/). 

Sur les 25, seule une petite poignée est crédible : l’ex-président Azali Assoumani qui a déjà dirigé les Comores de 2002 à 2006. Il est le leader de la Convention pour le renouveau des Comores (CRC), parti qu’il a fondé en 2000. Il fait la course en tête avec Me Fahmi Saïd Ibrahim qui est le candidat du parti Juwa (Soleil), et avec Mohamed Ali Soilihi alias Mamadou, l’actuel ministre des Finances qui représente l’actuel parti au pouvoir l’UPDC (Union pour le développement des Comores).


affiches de campagnes - photo d'Ibrahim Youssouf pour l'AFP

Le 1er tour aura lieu ce dimanche 21 février et uniquement à Grande Comore (soit environ la ½ des électeurs potentiels). Ce 1er tour, permettra de sélectionner 3 candidats pour lesquels les autres îles pourront voter lors du second tour en avril.

Les principaux débats qui agitent ces élections sont les coupures récurrentes d’eau et d’électricité, l’accès aux soins – El-Maarouf, l’hôpital principal du pays est dans un état catastrophique ; et en fond, Mayotte.
L’éducation, qui a quelques exceptions près (école française et école Abdoulhamid) est d’un niveau déplorable, le chômage endémique et la religion (et la radicalisation) semblent être des sujets très secondaires que les candidats n’abordent qu’avec les médias occidentaux.

Pour plus d’informations, vous pouvez vous rendre sur le site de RFI, sur celui de la chaine Outre-mer première (http://www.la1ere.fr/recherche/comores) et sur le site de Jeune Afrique (http://www.jeuneafrique.com/pays/comores/). Vous pouvez également visiter les sites des deux seuls journaux comoriens à être présent sur internet : Al-Watwan (http://www.alwatwan.net/) et la Gazette des Comores (http://www.lagazettedescomores.com/).
Enfin, il y a les blogs d’actualités mais ceux-ci étant souvent très orientés, je vous laisse les chercher tout seuls comme des grands pour ne pas vous influencer.

jeudi 18 février 2016

L'Afrique du Sud et ses animaux

Le caractère insulaire de Grande Comore, sa petite taille et l'activité humaine font que son territoire est assez pauvre en faune sauvage, oiseaux et mammifères en particuliers. Même s'il est vrai qu'il y a quelques espèces endémiques très intéressantes dont je vous parlerai ultérieurement.

Du coup, en Afrique du Sud, on a fait le plein d'animaux plus ou moins sauvages.

Les babouins au Cap de Bonne Espérance (ceux-là ont mis à sac ce qui se trouvait à l’arrière du 4x4) :



Les otaries de Hout Bay qui se regroupent toute l’année sur une ile au large du Cap :


Les manchots du Cap à Simon’s Town :



Les éléphants du Addo Elephant Park :


je n'avais jamais vu un derrière d'éléphant d'aussi près...

Les autruches du petit Karoo qu'Andreï a pu monter [je peux fournir la vidéo à ceux qui le souhaitent ;-)]:


Les zèbres, les rhinocéros blancs et les girafes de la réserve de Hluhluwe-Umfulozi (prononcer chluchluwé en mouillant bien les CH):



Les hippopotames de Saint Lucia...

... qui se promènent tranquillement dans les rues de la ville à la nuit tombée!

Et enfin, les tortues de Kosi Bay qui viennent pondre entre octobre et janvier:
une tortue luth qui vient pondre tardivement
- en février - sur la plage de Kosi Bay



Après deux mois, les tortues éclosent et courent vers la mer:

Pour reprendre une expression du Ptilu, c'est pas beau la vie?