jeudi 3 mars 2016

La musique aux Comores

Aux Comores, ou en tout cas à Grande Comore, la musique ne s'écoute pas dans la rue: les gens ne chantent pas, ne jouent pas de musique dans les rues de Moroni.

En 7 mois, deux exceptions à cette absence de musique: les cocos (grands-mères) qui vendent les fruits et légumes au marché de Moroni (Volo-Volo) qui entonnent des chants traditionnels - plus ou moins festifs selon leur humeur - pour passer le temps;
et les cérémonies de grands mariages (je leur consacrerai un article ultérieurement, car cette tradition très intéressante permet d'expliquer en partie la situation économique catastrophique des Comoriens de Grande Comore). Dans ces cas-là, le but du jeu est que tout Moroni sache que la famille fait un grand mariage et il est donc nécessaire de faire le plus de bruit possible à grand renfort d'enceintes et de micro voire de mégaphones.
Comme dans tout mariage, la musique tient un rôle important. Cependant, ce n'est plus la musique traditionnelle qui fait recette mais les gros blockbusters américains et le "meilleur" du rap français, et pendant tout le weekend, on a droit à Beyonce, Rihana, Booba et autre Rohff.

Il est donc compliqué de connaître la musique comorienne traditionnelle ou même actuelle. Heureusement, en cherchant un peu sur le net, on trouve pas mal de choses intéressantes (beaucoup de vidéos sur Youtube et Dailymotion) et l'Alliance française de Moroni organise des concerts plusieurs fois par an.
En décembre dernier, nous avons pu assister au premier concert de Costy, professeur de musique à l'école française, qui a commencé sa carrière musicale en 1999 comme accompagnateur de divers artistes comoriens.
Pour vous faire une idée, un petit extrait du concert (mis en ligne avec l'autorisation de l'Alliance française):

L'instrument joué par l'invité surprise du concert, Mwengné Mmadi, est un ndzendze (cf. infra "Pour aller plus loin"). Ici, il a une forme de boite munie d'une série de cordes de chaque côté, chaque main joue donc des notes et des rythmes différents. Un nzendze peut aussi être de forme cylindrique.

Par ailleurs, j'avoue peu écouter la radio comorienne. En effet, outre de nombreux programmes religieux, il n'y a aucun commentaire sur la musique diffusée, donc pas moyen de savoir/comprendre ce que l'on écoute.

Pour aller plus loin:
- une émission de France Inter disponible à la réécoute et en podcast, l'Afrique en solo du 21 février dernier:
Même si je ne suis pas entièrement d'accord avec certains partis pris de cet épisode, il est extrêmement intéressant à la fois pour les aspects historiques, sociaux et culturels évoqués et pour les artistes choisis afin d'illustrer l'émission.
[@ Leptilu: pour info, le 24 janvier, l'émission était consacrée au Burundi]
Ce site propose des extraits de 30s pour illustrer différentes chansons traditionnelles.
- Toujours sur le site de comores-online, un article très intéressant sur les différents types de musique traditionnelle comorienne: http://www.comores-online.com/mwezinet/musique/
[@ Leptilu: cet article répond en partie à ta suggestion sur le maloya qui n'existe pas aux Comores, mais qui est comparable dans ses aspects revendicatifs, de rassemblement, solidarité et dans sa rythmique - comme le suggère Christine Salem - à l'ikwadou comorien.]
- Enfin, concernant les instruments traditionnels, j'ai trouvé ce site sur les instruments mahorais, qui sont identiques à ceux qu'on trouve dans les autres iles des Comores mais dont le nom peut légèrement changer:
Vous y trouverez, entre autres, des photos et des explications sur le ndzendze.